Dans la conversation mondaine, on ne fait point usage des titres de noblesse pour interpeller ceux qui les portent. On dira « madame » et non « madame la comtesse » ; « monsieur » et non « monsieur le baron ». Seuls, les titres de prince, de princesse, de duc et de duchesse se donnent encore. On peut dire : « monsieur le duc » ou « duc », selon le degré d’intimité ; « madame la duchesse » ou « duchesse » ; on dit « prince, princesse ». Les princes de sang royal ont droit au titre.

Si le président de la république française ou d’une république étrangère venait dans une maison, il faudrait l’appeler « monsieur le président » ; un ministre ou ancien ministre est appelé « monsieur le ministre » ; « un cardinal « Monseigneur, Votre Éminence ou Éminence » ; un évêque « Monseigneur ou Votre Excellence » ; un prêtre « M. le Curé ou M. l’Abbé » ; un religieux « mon Père ou mon Révérend Père » ; un pasteur protestant « M. le Pasteur ou monsieur » ; un prêtre israélite « monsieur le Rabbin » ; un médecin « docteur » ; un avocat, notaire ou avoué « maître ».

Pour les militaires, le code est assez délicat. On appelle d’après son grade tout officier supérieur, c’est-à-dire à partir du grade de commandant ; parlant à un sous-lieutenant, lieutenant ou capitaine, on dira « monsieur » ; et ensuite : Commandant, Colonel (pour les lieutenants-colonels et les colonels) et Général. Mais quand on présente un sous-lieutenant, lieutenant, capitaine, on le désigne par son titre : « Le Lieutenant X. » Se rappeler que le sous-lieutenant a droit à l’appellation « lieutenant ». Les hommes qui n’ont point dépassé l’âge de la mobilisation ou qui ont servi dans l’armée disent aux officiers supérieurs : « mon Commandant, mon Colonel, mon Général ».

Dans la marine, il n’existe que deux titres : commandant et amiral. On donne le titre de commandant depuis le grade de capitaine de corvette jusqu’au grade d’amiral. Au-dessous du grade de capitaine de corvette, on dit » monsieur ». Bien remarquer que, dans la marine, on ne fait jamais usage du mot possessif. Dans tous les cas on dit « commandant, amiral ». Un matelot lui-même parlerait ainsi à ses chefs. Néanmoins, que ce soit dans la marine marchande ou dans la Royale, « la fonction prime le grade » : on utilise le titre de Commandant, quelque soit le brevet, dans la mesure ou l’officier s’est vu affecté le commandement d’un bâtiment. Ainsi, un lieutenant est appelé Commandant s’il commande un navire.

La femme d’un général est présentée comme « la générale X. » Une comtesse, une marquise, à qui on ne donne pas son titre quand on lui adresse la parole, est cependant présentée avec son titre : « Comtesse de la Forest », et, en parlant d’elle, on pourra dire : « mon amie, la comtesse de la Forest ».

Les domestiques et les fournisseurs disent « M. le comte, Mme la baronne ». Si la maîtresse de maison fait annoncer ses visiteurs, c’est avec leur titre. La personne de service annoncera : « Le général marquis de P. Mme la duchesse de L. ».

Un intellectuel célèbre, artiste, écrivain, a droit au titre de « maître, cher maître ». Un jeune médecin, s’adressant à l’un de ses chefs, professeur de Faculté, adoptera aussi cette formule.

Le mot « honneur » doit être employé en parlant à une femme ou à des hommes que leur âge, leur rang ou leur mérite rendent dignes d’une particulière déférence. Un homme dirait : « j’ai déjà eu l’honneur d’être présenté à madame », alors qu’elle dirait : « J’ai déjà eu le plaisir de vous rencontrer, monsieur ».

Une femme parlant de son mari dit « mon mari » et il dira « ma femme » (ou « mon épouse », selon leur statut contractuel), et non « Mme X ». Quand on parle à un mari de sa femme et réciproquement, on dit : « Comment se porte Mme X. ? M. X. est-il content de ses affaires ? ». S’il s’agit d’un officier supérieur : « Le Général va bien ? Ne m’oubliez pas auprès du Colonel. » Parlant à un père de sa fille, on dit « Mlle votre fille ou Mlle X. » Une intimité plus grande permet l’emploi du prénom : « Mlle Éloïse danse-t-elle beaucoup cet hiver ? »

Entre mari et femme, on s’interpelle par son nom de baptême.