Il ne suffit pas de se montrer poli chez soi et dans la société, il faut l’être partout. Rien n’est choquant comme ce jeune homme qui se montre aimable dans un salon et qui, dans ses rapports avec les commerçants, les gens d’affaires ou les inconnus, n’est rien moins qu’agréable et semble affecter de la hauteur et du dédain ; il prouve en cela son manque de politesse.

Être poli, c’est l’être en soi et avec tous : nos relations ne se bornent pas à nos amis et aux gens du monde.

On reçoit quelqu’un pour affaires ; on entre dans un magasin pour faire des emplettes ; on voyage en transports en commun : les employés, les ouvriers, les domestiques, tous veulent être l’objet de votre politesse et des égards dus à chacun.

Avec les domestiques

Les commander avec douceur et fermeté ; n’avoir pas trop de familiarité, car beaucoup en abuseraient ; mais non plus jamais de dureté ni d’arrogance. Ne soyez pas avec eux ni impérieux ni trop exigeants. réclamez d’eux ce qu’ils doivent faire ; si vous le faites en termes impolis, vous vous exposez à ce qu’ils se montrent eux-mêmes impolis. Vous connaissez le proverbe : tel maître, tel valet.

La supériorité que vous avez sur eux ne doit pas exclure les égards que vous leur devez ; ils sont au contraire une des conditions du commandement. Reconnaissez leur service par un mot bienveillant, un geste affectueux. Exprimez-leur votre satisfaction, cela encourage.

Si vous avez à réprimander vos domestiques, ménagez les amour-propre, en ne le faisant pas devant des témoins. Une réprimande juste et faite à propos porte ses fruits. Mais, encore une fois, pas de familiarité : soyez fermes et doux avec eux : fermeté sans douceur est dureté, douceur sans fermeté est faiblesse.

Si vous n’êtes pas contents de leur service, renvoyez-les ; mais ne soyez jamais grossiers envers eux ; les maltraiter serait indigne.

Dans les lieux publics

Dans la rue, évitons de nous faire remarquer par une démarche trop précipitée, un maintien qui ne serait pas tout à fait convenable. Pas d’éclats de rire, pas de gesticulations ni de mouvements trop brusques. Et ne sautillez pas en marchant ! Conservez toujours une certaine gravité.

Si l’on ouvre notre parapluie, veillons à le tenir bien droit, sans heurter les passants, sans les gêner.

De manière plus générale, évitons les foules, les cohues, qui pourraient nous obliger à enfreindre les lois de la politesse en jouant des coudes pour nous livrer passage.

Tous les gestes, le maintien, la démarche d’une personne comme il faut sont différents de celle qui ne l’est pas. C’est le cachet auquel on juge immédiatement et sûrement de l’éducation des gens que l’on rencontre.

Soyez également polis dans les magasins ; ne faites pas déplacer cent objets pour en prendre un seul, ou, pire, pour n’en prendre aucun. Si ce qu’on vous propose ne vous convient pas, refusez sans déprécier l’objet que l’on vous présente ; il en faut pour tous les goûts et ce qui déplaît à l’un convient à l’autre.

Évitez aussi de désigner quelqu’un du doigt, de faire des observations malveillantes sur les gens que vous rencontrez, n’ayez jamais l’air de vous moquer de personne ; tout cela dénote une mauvaise éducation.